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coexistence pacifique des peuples
28 février 2015

ISLAM- OCCIDENT , Acculturation et multiculturalisme.

vivre_ensemble

17 Février 2011

«La mondialisation et la modernité ne doivent pas signifier dépersonnalisation et dépendance.»

A l’heure où les musulmans de par le monde commémorent la naissance bénie du Sceau des prophètes [PBDSL] et recherchent les voies pour s’inscrire dans le progrès et accorder la raison et la foi, le spécifique et l’universel, sujets culturels permanents pour toutes les générations, en Occident il est aujourd’hui devenu banal, notamment en termes électoralistes, de se déclarer islamophobe. C’est un racisme et une xénophobie, prolongement pernicieux de l’antisémitisme. Cette posture inadmissible nourrie par les préjugés, de la part de gens qui disent parfois n’en avoir qu’aux extrémistes et non pas aux musulmans, dérive sournoisement vers le rejet de l’Islam. C’est un phénomène inquiétant marqué par l’amalgame inique et le bouc émissaire.

Eduquer à l’acceptation de la diversité
Dans ce contexte, en Europe, au plus haut niveau est contesté le multiculturalisme; alors que ce mode n’exclut pas l’acculturation, c’est-à-dire l’adaptation à la culture locale dominante. Le multiculturalisme est la cohabitation de groupes culturels différents mais qui respectent les valeurs, les lois et les institutions du pays où ils résident. L’acculturation est un processus d’adaptation aux normes et valeurs culturelles locales dominantes. L’un n’empêche pas l’autre. La logique de la diversité est légitime. La remise en cause du multiculturalisme, pratique sociale aussi ancienne que les civilisations, présage de mauvais jours.
Même si tous les Européens ne confondent pas Islam et fanatisme, on constate un emballement inquiétant, est récusée la possibilité de respecter ses racines et de s’ouvrir sur le monde dans lequel on vit. Pourtant, la civilisation musulmane, issue du troisième rameau monothéiste et de la culture gréco-arabe, partage des valeurs universelles. C’est cela qui mérite d’être connu.
Les valeurs de respect de la dignité des gens et du droit des peuples furent bafouées hier par le colonialisme, les totalitarismes et aujourd’hui par des dogmatiques qui déversent leurs angoisses sur les musulmans. Il faut éduquer à l’acceptation de la diversité pour faire reculer le racisme. Les préjugés doivent disparaître. L’immense majorité des musulmans accepte le débat et la critique sans limites et nul ne peut nier que se posent pour tous les citoyens et peuples des problèmes d’articulation entre progrès et authenticité, entre unité et pluralité, et que des fondamentalismes soient visibles, mais l’heure devrait être au vivre-ensemble.
Les polémiques qui traversent tous les courants politiques européens au sujet des citoyens européens musulmans sont alarmantes, alors qu’acculturation et multiculturalisme ne sont pas antinomiques. Chacun est transformé par son milieu social et pratique des synthèses et symbioses.
Il est temps de mettre fin au sentiment antimusulman, aux faux débats et au populisme. Le malentendu persistera tant qu’on n’aura pas extirpé la principale racine du problème: la méconnaissance. Musulmans, chrétiens, juifs, humanistes, apprenons à nous connaître et à faire notre examen de conscience. L’amplification de la peur, l’exploitation avec cynisme des archaïsmes et des dérives des fondamentalismes jettent de manière inique l’opprobre sur tous les musulmans.
La propagande du choc des civilisations et la politique du deux poids, deux mesures gagnent du terrain et s’illustrent par les ingérences dans la vie des citoyens et communautés musulmanes d’Europe et celle des sociétés arabes. Aucune puissance étrangère ne peut œuvrer pour les intérêts des peuples. La renaissance ne peut être dictée de l’extérieur. La mondialisation et la modernité ne doivent pas signifier dépersonnalisation et dépendance.
La caricature et le rejet des musulmans stigmatisés n’est pas un simple épiphénomène, mais une diversion aux impasses du système dominant. Ce n’est plus le radicalisme qui est dénoncé. Les références fondatrices, le Coran et le Prophète [PBDSL] sont attaqués. La xénophobie, d’une part, et l’intégrisme, d’autre part, tous deux déforment l’image de l’Islam.
En Europe, l’immense majorité des musulmans est bien intégrée et prouve ses compétences et qualités. Cette réalité est déformée. Comme celles de l’antisémitisme, les causes de l’islamophobie sont anciennes: l’ignorance, les situations de crise, des stratégies d’invention d’un bouc émissaire et les fondamentalismes. L’islamophobie n’est malheureusement pas une ruse difficile à mettre en pratique, car l’ethnocentrisme occidental est ancien.
Depuis 14 siècles, le Monde arabe est déformé par des non-musulmans. Les xénophobes nostalgiques de l’ère coloniale puisent dans l’imaginaire qui occulte le fait qu’entre l’Occident et l’Islam l’échange était plus décisif que les divergences. Par le passé, autour de la Méditerranée, les peuples ont fécondé une histoire riche. Le citoyen musulman de par le monde doit faire son autocritique, ne pas tomber dans les provocations, reprendre confiance et énoncer des voies pour le vivre-ensemble.

Changer l’image
En Europe, au sujet de l’Islam il y a lieu de prendre la parole pour changer l’image et contribuer au discernement, malgré le verrouillage des champs médiatiques. Il faut se démarquer des courants qui nuisent à ce qu’ils croient défendre, en montrant que le fondamentalisme est l’anti-Islam et l’antihumanisme.
Afin que le clair l’emporte sur l’obscur, chacun doit s’engager et œuvrer aux côtés de ceux qui défendent les causes justes. C’est avec les personnes soucieuses de respect du droit à la différence que l’avenir sera préservé. Ce qui est en jeu, c’est la Cité juste, pas seulement le sort des musulmans. L’Islam réintroduit le débat de fond, celui sur la question du sens et de la justice, dans une société qui a besoin d’équilibre, car, malgré les prodigieux progrès technoscientifiques, se profile la déshumanisation.
C’est l’ère de la dégradation intellectuelle, du recul du droit, de la crise de la modernité européenne et de la tradition sclérosée en Orient. Cependant, risques et opportunités s’entremêlent. Les peuples sont confrontés à la mise en demeure de se dépasser.
Compte tenu du choc des ignorances, il est vital de garantir l’interconnaissance: pour tous les jeunes en Occident, introduire l’enseignement du fait religieux, de la civilisation et de la langue de l’autre dans les établissements scolaires, et pour la communauté, les animateurs cultuels doivent être formés à la langue et aux cultures du pays. Le dépassement de faux clivages est vital. Rassembler est la tâche de l’heure, la communauté manque de figures de proue. Le droit d’exprimer collectivement la foi doit être protégé, afin de resserrer les liens sans communautarisme.
Il reste à faire prendre conscience que les mauvaises interprétations de nos sources nourrissent le sentiment antimusulman. Ceux qui s’attachent à la gestuelle et réduisent la foi à des aspects rigides se trompent. L’’intégrisme est un contre-exemple de l’Islam. Des bricolages exégétiques renforcent le refuge contestataire. Mais les croyants sincères qui recherchent l’approfondissement de leur foi de manière paisible et ouverte sont l’immense majorité.
Par des paroles justes, des actions réfléchies, le souci du dialogue, ils seront à la hauteur de la tâche. Être musulman c’est être pieux, juste et logique, ligne civilisée et médiane. En Occident, dans des quartiers défavorisés, des citoyens de confession musulmane, au chômage, notamment les jeunes, souffrent. Il est impérieux de les écouter, en leur offrant une formation et des perspectives. Il s’agit non pas de survivre ni de se renier, mais d’être fier de ses racines, de vivre avec les autres et d’accepter l’évolution.
Durant des siècles, la coexistence et l’échange entre des populations aux parcours culturels différents caractérisaient le Bassin méditerranéen. Les dérives ne peuvent occulter la réalité. Les musulmans d’Europe participent sans complexe à la vie de la Cité. Ils prouvent leurs qualités et n’ont aucun problème à vivre avec les non-musulmans. Ils savent que leur religion fonde la sécularité et la vie sous la forme du savoir.
Il n’y a aucune opposition de principe entre les civilisations. Ce n’est pas seulement au musulman de s’adapter. Nous refusons l’arrogance avec laquelle on parle du musulman, comme s’il était susceptible de n’accéder à la dignité que s’il s’occidentalise. Nous escomptons le sens de la clairvoyance, afin que le débat sur le vivre-ensemble ne soit pas dévié. De la pertinence de la réponse dépend l’avenir du monde.
Les musulmans ne réfutent pas seulement le paternalisme et n’exigent pas seulement que leur différence soit tolérée. Ils demandent davantage qu’un simple «droit de survivre», mais le droit de vivre avec leur temps dignement. L’ordre de la tutelle est inadmissible, l’ordre de la tolérance est insuffisant, seul l’ordre de la reconnaissance du droit à la différence ouvre la possibilité d’une civilisation commune juste.
Depuis des années, nous tentons de sonner l’alerte, d’éveiller les consciences, d’attirer l’attention de tous pour dénoncer la politique du deux poids, deux mesures.
La question palestinienne est le symbole le plus significatif de l’injustice. Nord et Sud doivent d’égal à égal parvenir à des normes de civilisations, éthiques et juridiques pour un nouvel ordre juste, d’autant que les deux mondes sont imbriqués.

(*) Mustapha Cherif, philosophe, professeur des universités.
www.mustapha-cherif.net

Mustapha CHÉRIF (*)

Source : http://lexpressiondz.com/article/8/2011-02-17/86197.html

 

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