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coexistence pacifique des peuples
27 mai 2016

Attitude à adopter face aux erreurs des savants (AbdelMuhsin al-Abbad).

Nul n'est infaillible hormis le Messager d'Allah (sallallahu alaihi wa salam) ainsi le savant n'est pas exempt d'erreur. Celui qui commet une erreur ne doit pas être suivi dans son erreur, mais celle-ci ne doit pas être prise comme prétexte pour le dénigrer et mettre les gens en garde contre lui ; au contraire on doit pardonner ses erreurs qui sont peu nombreuses à côté de ses nombreuses bonnes actions. Quand il s'agit de savants déjà morts, on profite de leur science sans les suivre dans leur erreur. De plus, on doit invoquer la miséricorde divine en leur faveur. Quant aux vivants, qu'il s'agisse d'un savant ou un étudiant en sciences religieuses, on doit les mettre au courant de leur erreur avec bienveillance et courtoisie pour les inciter à se corriger et revenir à la vérité.

Parmi les savants qui sont déjà morts et qui ont commis des erreurs en matière de croyance, bien qu'ils soient des références indispensables pour tous les savants et les étudiants en sciences religieuses, on peut citer les imams : Al Bayhaqi, An-Nawawi, et Ibn Hajar Al Asqalânî.

En ce qui concerne l'imam Ahmad Ibn Hussayn Abû Bakr Al Bayhaqi, Al Dhahabi a dit de lui dans As-Siyar (à partir de la page 18/163) : « Il est le Hafidh, le très grand savant, le digne de confiance, le savant du fiqh et le shaykh de l'Islam. On lui a béni sa science et il a écrit des livres utiles (…). Et il s'isola dans son village pour se dévouer complètement à la compilation et l'écriture des livres, ainsi, il écrivit As-Sunaoul Koubrâ en dix volumes, nul n'a composé une œuvre pareille ».

Il cite aussi ses nombreux autres livres. Son livre As-Sunanoul Koubrâ, par exemple, comprend dix gros volumes. Il a rapporté de Al Hâfidh Abdul Ghâfir Ibn Ismaël une parole dans laquelle il a dit : « Ses livres comprennent près de mille volumes, personne n'a écrit une œuvre pareille. Il a réunit la science du hadith et le fiqh, a explicité les défauts des hadiths et la manière de concilier les hadiths ».

Al Adhabi a également dit : « Les œuvres de Al Bayhaqi sont d'une grande valeur, pleines de richesse ; peu sont ceux qui ont embelli leurs œuvres comme l'Imam Abû Bakr. Il convient donc au savant de leur accorder un grand intérêt, surtout son livre As-Sunanoul Koubrâ ».

Quant à l'Imam Yahya Ibn Charaf An-Nawawsi, Al Dhahabi a dit de lui dans Tazkiratoul Houfaz (4/259) : « L'imam, le Hafidh, sans égal, le modèle, le shaykh de l'Islam, l'étendard des élus d'Allah (walis)… il est l'auteur de plusieurs ouvrages utiles (…) Outre le fait que c'était un véritable combattant qui travaillait sa dévotion, le contrôle et la purification de son âme et la suppression de ses désirs, il avait mémorisé les hadiths, ses règles d'analyse, ses transmetteurs, maîtrisait les hadiths authentiques et les hadiths faibles ; il était une autorité compétente dans la connaissance du Madzhab ».

Ibn Kathir a dit dans Al Bidayah Wal Nihaya (17/50) : « Ensuite, il s'intéressa à l'écriture des livres et en écrivit beaucoup ; parmi ses œuvres, il y en a qu'il a finies tandis que d'autres sont restées inachevées. Pour celle qu'il a achevées, citons le commentaire de Muslim, Ar-Rawdha, Al Minhaj, Ar Riyadh, Al Adhkar, At Tibiyan, Tahrirout Tanbih, Tashihout Tanbih, Tahziboul Asma'i Wal Loughat, Tabaqatoul Fouqaha, etc.
Parmi celles qu'il n'a pas achevées – et qui n'auraient pas d'égale dans leur domaine s'il avait pu le faire – il y a Charhoul Mouhadhab qu'il a nommé Al Majmou', il est arrivé jusqu'au chapitre sur l'intérêt usuraire et l'a traité de façon brillante, rendant ainsi un grand service à

la communauté. Il a aussi participé à l'élaboration du fiqh de l'école (Chafé'ite), y a traité de la science du hadith comme il se doit, ainsi que Al Gharîb, la langue arabe et des choses importantes qui ne se trouvent que dans cet ouvrage... Je ne connais pas parmi les livres du fiqh un livre meilleur que celui-là, toutefois, il faut lui apporter des compléments. »

Cette œuvre est d'autant plus remarquable qu'il n'a pas vécu longtemps. Il n'a vécu en effet que quarante-cinq ans, puisqu'il est né en 631H et est décédé en 676H. Quant à Al Hafidh Ahmad Ibn Ali Ibn Hajar Al Asqâlani , il s'agit de l'Imam célèbre par ses nombreux livres dont le plus important est Fathoul Bâri, un commentaire de Sahih Al Boukhari. C'est un grand livre de référence pour les savants. Parmi ses œuvres il y a aussi Al Issâbah, Tahdhibout Tahdhib, Taqribout Tahdhib, Lissanoul Mizân, Ta'jiloul Manfa', Bouloughoul Marâm, etc.

Parmi les contemporains, il nous faut évoquer le Cheikh érudit, savant du Hadith, Muhammad Nassiroudine Al Albani . Nous ne lui connaissons pas d'égal à l'époque contemporaine du point de vue de l'intérêt qu'il a accordé à la science du Hadith et de ses nombreuses lectures dans ce domaine. Il n'a pas été épargné, ayant écrit des choses que beaucoup considèrent comme des erreurs de sa part. Prenons par exemple son intérêt pour la question du voile et sa déclaration selon laquelle le voile du visage de la femme n'est pas obligatoire, mais recommandé. Même si ce qu'il a dit était vrai, cela fait partie des vérités qu'il convient de cacher car cette déclaration a servi d'appui à certaines femmes qui affectionnent le dévoilement du visage. Il en est de même de la déclaration suivante que l'on trouve dans le livre Sifatou Salâtin Nabiy (salallahu alaihi wa salam) : « le fait de poser les deux mains au dessus de la poitrine après l'inclinaison (Ar Roukou') est une innovation et un égarement ». Or c'est une question sur laquelle les savants divergent. Il y a aussi ce qu'il a évoqué dans As-Silsilatou Dha'ifah (2355) où il dit que le fait de ne pas couper le surplus de la barbe qui reste après l'avoir arrêtée avec la poignée de main est parmi les innovations additionnelles. Il en est de même de son interdiction de l'or en forme circulaire aux femmes. Quoique je désavoue ses avis sur ces questions, je continue à utiliser ses ouvrages et d'autres font de même, en raison de l'intérêt qu'ils présentent. En vérité, cette parole de l'Imam Mâlik est merveilleuse et pleine de sagesse : « On prend de la parole de chacun et en rejette, sauf de l'occupant de cette tombe », disait il en montrant la tombe du Prophète (sallallahu alaihi wa salam).

Voici des citations de savants qui attestent et expliquent la nécessité d'excuser l'erreur du savant eu égard à ses sentences :

Saïd ibn Al Moussaïb (93H) a dit : « Il n'y a pas de savant, parmi les nobles et vertueux, qui ne comporte de défaut. Toutefois, celui dont les mérites sont plus nombreux que les défaillances voit ses défaillances annulées en raison de ses mérites, tout comme celui dont les défaillances sont dominantes voit ses mérites partir. »

Un autre a dit : « Le savant n'est pas exempt de l'erreur. Celui qui fait peu d'erreurs et a fréquemment raison est savant, et celui qui a quelquefois raison, mais se trompe le plus souvent est ignorant ». (Jami'ou Bayanil Ilmi Wa Fadhlihi de Ibn Abdul Barr 2/48)

Abdullah Ibn Moubarak (181H) a dit : « Si les bienfaits de l'homme dominent ses fautes, on n'a pas à évoquer ses fautes, et si les fautes dominent les bienfaits, on n'a pas à évoquer ses bienfaits » (Siyarou A'lâmin Noubala de Al Dhahabi 8/152)

L'Imam Ahmad (241H) a dit : « On ne compensera jamais la perte de quelqu'un comme Ishâq (càd Ibn Rahouya), même s'il s'opposait à nous sur certaines questions. En effet, les gens ont toujours eu des divergences entre eux » (Siyarou A'lâmin Noubala de Al Dhahabi 11/371)

Abu Hâtim Ibn Hibbân (354) a dit : « Abdoul Malik – càd Ibn Abi Soulaymane – comptait parmi les meilleurs hommes de Koufa et était parmi ceux qui mémorisaient le hadith. Il arrive parfois que celui qui mémorise le hadith et l'enseigne de mémoire se trompe, mais il n'est pas équitable d'abandonner le hadith rapporté par un Cheikh digne de confiance, dont l'honnêteté est vérifiée, à cause des erreurs qu'il commet en rapportant le hadith. Si nous empruntions ce chemin, nous serions obligés d'abandonner le hadith de Az-Zouhrî, Ibn Jouraij, At-Tsawrî et Chou'bah. Comme ils avaient une grande mémoire et une grande maîtrise de cette matière, ils enseignaient le hadith de mémoire. Mais comme ils n'étaient pas infaillibles, ils ne pouvaient pas ne pas comettre des erreurs en rapportant le hadith, mais ce n'est pas une raison pour s'écarter d'eux. Au contraire, la prudence dans ce cas consiste à accepter ce que rapporte la personne digne de confiance et d'abandonner ce sur quoi elle a commis une erreur, tant que les erreurs ne l'emportent pas sur le reste. Si tel est le cas, elle mérite alors d'être abandonnée » (At Tsiqât 7/97-98)

Shaykh Al Islam Ibn Taymiyyah (728H) a dit : « Parmi ce qu'il convient de savoir, il y a le fait que les différentes sectes doivent être classés selon leur degré (de transgression) : parmi eux, il y en a qui transgressent la Sunna sur des fondements majeurs, tandis que d'autres transgressent la Sunna sur des détails de moindre importance. Il y en est qui ont critiqué et réfuté les groupes qui étaient plus éloignés de la Sunna qu'eux. On peut donc les louer pour ces corrections qu'ils ont apportées et leur défense de la vérité, tout en signalant, d'une part que ces corrections portent sur des points mineurs, et que d'autre part ils méconnaissent bien souvent une partie de la vérité et y ajoutent des élements erronés. C'est ainsi qu'ils réfuteront une grande innovation avec une innovation de gravité moindre, et corrigeront une grave erreur par une erreur qui l'est moins. C'est le cas d'un certain nombre d'adeptes de la scolastique qui se réclament des gens de la sunna et du rassemblement.

Si ces gens ne font pas de leurs innovations un critère de distinction qui les sépare du reste de la communauté des musulmans et sur la base duquel ils scellent des alliances ou témoignent de l'hostilité à ceux qui s'en écartent, ils se rendent coupables d'une erreur, mais ce genre d'erreur est de ceux qu'Allah pardonne aux croyants. C'est ainsi que de nombreux prédécesseurs, et des Imams, sont tombés dans ce genre d'erreurs. Ils ont tenu par exemple des propos sur la base de l'Ijtihad qui contredisent les textes du Coran et de la Sunna. Contrairement à celui qui prend pour allié quiconque est d'accord avec lui, voue l'inimitié à quiconque s'oppose à lui, crée la discorde dans la communauté musulmanes, traite de mécréant et de pervers toute personne qui le contredit tout en épargant celui qui est d'accord avec lui sur les questions de points de vue et les Ijtihad et rend licite la guerre contre quiconque n'est pas de son avis en dehors de ceux qui sont d'accord avec lui. Ceux-ci font partie des gens de la discorde et de la division. » (Majmou' Al Fatawah 3/348-349)

Il a dit (19/191-192) : « Et nombreux sont les adeptes de l'ijtihad, parmi les prédécesseurs et ceux qui leur ont succédé, qui ont introduit sans le savoir des innovations, soit à cause de Hadiths faibles qu'ils ont mal interprétés, soit à cause d'avis qu'ils ont émis sur certaines questions sans avoir eu accès aux textes de référence qui en traitent. Si l'homme craint son Seigneur, il ne peut pas s'opposer à Sa parole :

"Seigneur, ne nous châtie pas s'il nous arrive d'oublier ou de commettre une erreur"[Sourate Al Baqarah 1:286]

Dans le Sahih, il est rapporté qu'Allah dit : « Certes, j'ai exaucé cette prière ».

L'Imam Al Dhabi (748H) a dit : « S'il s'agit d'un grand Imam de la science, qui a émis beaucoup d'avis justes, recherche activement la vérité, possède une vaste science et une grande intelligence, si sa vertu et sa piété ainsi que sa conformité à la voie du Prophète (sallallahu alaihi wa salam) sont attestées, on doit lui pardonner ses faux-pas ; nous ne devons pas le traiter d'égaré, le rejeter et oublier tous ses mérites ! Mais nous ne devons pas non plus le suivre dans son innovation et son erreur, et nous devons espérer pour lui qu'il se repente » (Siyarou A'lamin Noubala 5/271)

Il a également dit : « Si, à chaque fois qu'un Imam commet une erreur bénigne dans son ijtihad sur les questions singulières, nous nous dressions contre lui, le traitions d'innovateur et le mettions en quarantaine, ni Ibn Nasr, ni Ibn Manda, ni ceux qui sont plus grands encore que ceux deux là n'y auraient échappé. C'est Allah qui guide la créature vers la vérité, et Il est le Plus Miséricordieux des miséricordieux. Nous implorons la protection d'Allah contre la passion et la rudesse » (As Siyar 14/39-40)

Il a également dit : « Si nous humilions et traitions d'innovateur toute personne qui commet une erreur dans son Ijtihad – tout en ayant une foi correcte et en s'efforçant de suivre la vérité -, très peu d'Imams trouveraient grâce à nos yeux ; qu'Allah leur fasse miséricorde par Sa grâce et Sa générosité » (As Siyar 14/376)

Il a aussi ajouté : « Nous aimons la Sunna et ses adeptes, nous aimons le savant proportionnellement à sa fidélité à la Sunna et ses nobles qualités. Nous n'apprécions pas en revanche les innovations qu'il a introduites en se fondant sur une interprétation hypothétique. Ce qui compte c'est le nombre et l'étendue de ses mérites » (As-Siyar 20/46).

Ibn Al Qayyim (751H) a dit : « Avoir conscience et connaissance du mérite des Imams de l'Islam, de leur prestige, de leurs droits, de leurs rangs, de leurs mérites, de leur savoir et de leurs conseils, des œuvres qu'ils ont accomplies pour Allah et Son Messager, n'implique pas que l'on accepte tout ce qu'ils ont dit ; s'il se trouve qu'ils n'ont pas pris en compte dans une de leurs fatwah un enseignement du Messager (sallallahu alaihi wa salam) qu'ils ignoraient et ont émis par leur propre raisonnement un jugement contraire à la vérité, on ne doit pas pour autant rejeter leurs avis en bloc, les rabaisser et les calomnier. Ce sont là deux attitudes injustes et loin du juste-milieu. La bonne voie se trouve à mi-chemin. Nous ne devons donc pas les traiter de pécheurs, pas plus que nous devons les considérer comme infaillibles (…). Celui qui est vraiment versé en sciences religieuses sait indubitablement que le grand savant qui marche d'un bon pas dans le sentier de l'Islam et y laisse des empruntes bénéfiques, peut, malgré la bonne place dont il jouit dans l'Islam et aux yeux de ses adeptes, faire un faux-pas, et il est excusé pour cela ; bien mieux, il est récompensé pour son Ijtihad. Il n'est donc pas permis qu'on le suive dans ce faux-pas, mais il n'est pas non plus permis de rabaisser son rang et son titre d'Imam dans les cœurs des musulmans »(I'lamoul Mawaqine 3/295).

Ibn Rajab Al Hanbali (795H) a dit : « Allah refuse l'infaillibilité à tout autre livre que Son Livre ; la personne équitable est celle qui pardonne à un individu les quelques erreurs qu'il a commises, au regard de ses nombreux avis justes » (Al Qawa'id pg 3)

 

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