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coexistence pacifique des peuples
6 janvier 2018

La complexité des pays arabo-musulmans d’aborder la modernité.

La complexité des pays arabo-musulmans d’aborder la modernité.

Une question lancinante pour beaucoup de musulmans qui souvent n’arrivent pas à se situer dans cette effervescence de la modernité qui s’accélère partout dans le monde, mais se trouve ralentie dans le monde arabo-musulman. Comment comprendre le sens de ce ralentissement ? Est-ce la faute des Arabo-musulmans ? Ou est-ce simplement une distribution des rôles de chaque communauté-monde dans la constitution de l’humanité.

1. La modernité est-elle «authenticité» ?

Pour comprendre, raisonnons par le sens contraire, i.e. si les pays arabes et musulmans avaient abordé facilement la «modernité», que serait-il passé ? Il est évident qu’ils auraient évolué comme la Malaisie, la Corée du Sud, et tant d’autres pays émergents qui ont bien évolué aujourd’hui. Cela sous-entendrait que les pays arabes «modernisés», qui disposent en plus de richesses pétrolières, seraient comme la Norvège, pays pétrolier et moderne. Si c’était le cas, il n’y aurait ni problème iranien, ni problème palestinien, ni problème irakien.
Le monde arabo-musulman serait autrement vu.

Evidemment, l’Europe perdrait économiquement, la Chine perdrait ses multitudes de marchés, la Russie et les Etats-Unis aussi et de nombreux pays. Les pertes seraient considérables pour les pays développés et émergents. Rien qu’en armements, selon certaines estimations, les pays arabo-musulmans consommeraient près de 40% de la production mondiale de matériel militaire. Des pertes d’importation de marchandises et équipements par ces pays qui se compteraient par milliers de milliards de dollars. Alors que ces pays exportent essentiellement des matières premières et surtout du pétrole.

Il est évident que si le monde arabe s’est rapidement modernisé, à l’instar des pays asiatiques, avec ses richesses pétrolières et ses industries manufacturières, il se placerait au premier rang en termes de PIB par pays. Les conséquences seraient considérables. En plus du manque à gagner par les pays occidentaux et les pays émergents, ce seront les Allemands, les Français, les Hindous, les Chinois qui auraient à investir massivement dans le monde arabo-musulman. Comme ce qui se passe, aujourd’hui au Qatar, à Dubaï… Les scientifiques arabo-musulmans n’auront rien à envier de l’Occident ni de l’Asie puisqu’ils auraient parfait leur «rattrapage».

Il faut aussi dire que «le complexe du modernisme ne relève pas d’une nation, mais du stade de l’histoire de chaque nation». Ce qui nous fait dire qu’aujourd’hui, la plupart des pays arabo-musulmans bénéficient des richesses pétrolières. Et les pays développés et les pays émergents en sont peu pourvus. La situation présente du monde arabo-musulman fait que «le complexe du modernisme sert les autres pays qui ont besoin de produire pour exporter afin d’importer les matières premières et l’énergie que le monde arabe exporte». A leur tour, les pays arabo-musulmans importent les produits finis du reste du monde. Donc, il existe une complémentarité dans les économies des nations. Si tout le monde exportait les mêmes marchandises, l’économie mondiale ne fonctionnerait pas. Quant au modernisme, les pays arabes ne pourront que remonter lentement la pente. Et cela demandera du temps et se fera avec le progrès du monde.

Le monde, dans un certain sens, est harmonieux. Chaque partie du monde a sa part de richesse, tantôt par le travail, tantôt par les «richesses naturelles». On voit bien que la «présence ou l’absence de modernisme» est un facteur qui a une fonction dans le développement du monde. Cependant, le monde s’oriente au fur et à mesure à un nivellement de la modernisation. C’est inéluctable, aucune nation ne peut rester en retrait de la marche du monde.

Aussi culpabiliser le monde arabo-musulman comme «allergique» à la modernité ou «refuse la modernité» n’est qu’un cliché, une courte vue de la réalité du monde. La «modernité n’est "nécessité" que si elle est réellement nécessité». Le monde arabe qui dispose des plus grandes richesses pétrolières du monde peut se permettre de se soucier plus de son «authenticité» conforme à ses aspirations qu’à rechercher une modernité excessive qu’il conçoit comme étrangère à ses valeurs. De plus, les conflits et les guerres qui traversent le monde arabo-musulman en son sein font que les «ressources énergétiques» convoitées âprement par les grandes puissances non seulement il les paie chèrement, mais elles accentuent son décalage par rapport au monde développé.
Pour qu’il y ait développement et acceptation de la modernité, il faut nécessairement la paix. Et c’est précisément ce qui manque à cette partie du monde.

2. Comment appréhender la modernité ?

La modernité, chaque individu peut la définir comme il veut puisqu’il la vit. En Occident, la modernité c’est ce qu’on vit tous les jours, ce qu’on fait avec autrui selon les règles arrêtées déjà par la société et l’histoire. C’est un peu comme si on s’interrogeait sur la société actuelle. En France, ou ailleurs, en Occident.

Donc, la modernité, c’est un cumul de valeurs transformées et transformantes issues d’un processus historique sans fin. Certains l’appellent aujourd’hui la «postmodernité». Cette modernité a beaucoup transformé des valeurs passées en non-valeur. C’est le tribut du progrès, cela est certain, mais l’homme n’est pas, «il devient». Ce sont tous ces changements politiques, économiques, technologiques, culturels, religieux et sociaux dans chaque société qui déteignent sur les individus et les sociétés humaines.

Par conséquent, l’homme n’y est pour rien, il subit le milieu ambiant qui lui n’est pas statique, mais est en constante évolution. Si, aujourd’hui, il y a un consumérisme effréné, une société de consommation, «les hommes n’y sont pour rien», c’est en premier lieu l’évolution qui a amené cette situation. Même la libération sexuelle, le mariage pour tous, etc., ne sont pas des accidents venus ex nihilo, mais relèvent de changements sociétaux profonds. Il y a dans cette libération sociétale des tabous une sorte de «désaliénation-aliénation» de l’individu. Il se désaliène pour qu’il s’aliène, «ne comprenant plus ce qu’il est», et ne trouve son refuge que dans son «ego narcissique».
 Pour les sociétés arabo-musulmanes, la situation est autre. Comme il a été dit, la «modernité n’est nécessité que si elle est réellement nécessité». Le monde arabo-musulman lui aussi n’est pas, mais «devient». Mais dès lors qu’il ne vit pas le milieu ambiant européen, ses valeurs sont forcément autres. Le «modernisme pour lui n’est que matériel», utiliser les moyens modernes pour son existence. Le reste n’est que recherche et volonté de vivre son «authenticité» conforme à ses aspirations, et il n’a point besoin de se désaliéner pour s’aliéner ensuite parce qu’il juge cette modernité excessive et étrangère à ses valeurs. Bien sûr, cela ne veut pas dire que beaucoup de musulmans ne sont pas attirés par les valeurs occidentales.
Et tout est lié aux stades historiques traversés par chaque collectivité humaine.

3. L’apport de l’Islam à la civilisation occidentale.

On incrimine la religion, mais on oublie la part de l’homme de ce qu’il en fait de la religion. Et ce facteur est un paramètre essentiel, central pour ainsi dire. Sans lequel on ne pourrait comprendre l’apport de la religion quelle qu’elle soit et, a fortiori l’«islam». Nombreux sont qui pensent, en Occident, que «les religions ont toutes eu un rôle déterminant. Elles ont servi de tuteurs à la création de civilisations, au développement des sociétés humaines et sociales». Cependant, ils se reprennent et pensent «qu’elles ont figé leur mode de pensée à ce moment-là et n’ont plus évolué, au contraire d’une société qui grandit et qui évolue.» Pour eux, ces tuteurs sont, aujourd’hui, plus une gêne qu’autre chose puisqu’ils empêchent la société de grandir comme elle le voudrait.
La réponse vient d’elle-même. Est-ce que le catholicisme à travers le Vatican gêne-t-il la société chrétienne d’évoluer ? La religion juive gêne-t-elle le monde d’évoluer ? Il est évident que non. Quant à l’islam, il pose problème aujourd’hui, pourtant il n’a pas posé problème par le passé. Quand, par exemple, les Européens ont colonisé les pays musulmans, l’islam s’est-il posé en rempart ? Le monde arabe a bien été dominé et colonisé.

L’apport de l’islam cependant a été essentiel, il a permis de sauvegarder l’identité du monde musulman. Et il n’est pas le seul, l’identité juive malgré l’errance de plus de deux millénaires des juifs a été sauvegardée grâce à la Torah, la religion prêchée par Moïse. Les chrétiens doivent leur civilisation à la religion prêchée par Jésus. Et ces deux prophètes sont cités dans le Coran.
Donc, l’apport des religions a été inestimable. L’islam n’oblige personne à embrasser la religion, il en appelle à la conscience comme d’ailleurs toutes les religions. Le problème est ce qu’en font les hommes. L’Eglise, aux siècles passés, qui a été une force en Europe, a soutiré aux chrétiens biens et richesses. Aujourd’hui, l’islam est manipulé parce qu’il y a des richesses pétrolières considérables et pour lesquelles se combattent les grandes puissances par peuples locaux interposés. Et au sein même des peuples locaux, il y a une lutte sans merci pour la mainmise sur ces richesses. Et l’islam n’a rien à voir si ce n’est qu’il prêche la bonne parole.

Par ailleurs, s’il n’y avait pas l’islam, il n’y aurait pas de remise en cause des certitudes en Occident. L’Occident «n’aurait pas à repenser ses valeurs, et surtout les nouvelles valeurs de ces dernières décennies». Les peuples européens seraient, il faut excuser cette expression, un peu comme les «moutons de Panurge». L’islam, même s’il est attaqué, et c’est normal, parce qu’il se pose un peu comme un «contre-pouvoir» à la civilisation actuelle, une civilisation de plus en plus occidentalisée du monde.
Tel est l’intérêt de l’islam en tant que dogme religieux et qui va au-delà des pays d’islam. Il vient précisément renforcer les dogmes chrétien et juif. Et ce n’est pas de trop au train où va le monde aujourd’hui. Une désaliénation-aliénation de plus en plus perceptible. D’ailleurs, il vient renforcer cette conviction : «Le conservatisme religieux peut être une bonne chose lorsqu’il amène des questions importantes et des remises en question primordiales.» Mais il n’est en aucune façon «une tare destructrice lorsqu’il enchaîne les peuples, les esprits et les civilisations dans une ère que l’on qualifie d’obscurantiste».

Cette forme de pensée ne revient ni à l’islam ni à d’autres religions, mais relève de l’obscurantisme des hommes, de leur niveau de compréhension et surtout de la manipulation de l’islam dans les intérêts qu’il suscite dans les enjeux matériels (lutte pour le pouvoir, mainmise sur les richesses, etc.) et auxquels l’islam comme les autres religions qui sont essentiellement spirituelles en sont absentes.
Ainsi se comprend pourquoi les religions, en particulier l’«islam» en Occident, sont malaimées parce que tout simplement elles remettent en question les certitudes des hommes sur le monde.

www.sens-du-monde.com

Medjdoub Hamed. Auteur et chercheur spécialisé en économie mondiale, relations internationales et prospective.

 

 

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